Historique du Kung-Fu

Il y a environ cinq mille ans, l’empereur Huang Ti prétend avoir développé la technique Chiou Ti pour vaincre ses ennemis lors d’une bataille rangée. Il s’agissait selon certain d’un entraînement au maniement de l’épée.

A la même époque, fut gravé un affrontement opposant un homme et une personne coiffée de cornes, ce qui devait être un rituel plus qu’un entraînement à l’esquive. Vers 300 av J.C., on trouve des traces de lutte codifiée prenant le nom de Shang Pu, qui au fur et à mesure du temps se perfectionna, cherchant à utiliser la ruse plutôt que la force brute. Cette lutte chinoise donnera les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui le judo et jui-jutsu.

Entre 190 et 265 après J.C., un médecin du nom de Hua To mis au point des mouvements destinés à détendre l’esprit et tonifier le corps. Certes ces mouvements étaient à but thérapeutique, mais il est intéressant de noter que ceux-ci étaient basés sur l’observation de cinq animaux : le tigre, le cerf, l’ours, le singe et la grue ; dont certains servent aujourd’hui de bases technique aux pratiquants de Kung Fu.

Les influences philosophiques chinoises ont un aspect aussi très important.

Deux personnages principaux en sont à l’origine.

GIF - 14.6 ko Le premier de ces personnages est Confucius (K’ung-fu-tzu), il y a deux mille cinq cent ans, dont la philosophie est qu’en se cultivant, le sage diffuse autour de lui un principe d’ordre qu’il étend à son entourage et, de personne en personne, se propage à l’univers entier. Le confucianisme est né.

Vient ensuite Lao-Tseu qui a fondé le Taoïsme au Vème siècle avant J.C. et qui cultivait l’humilité et la vertu. Le tao (la voie) est, selon lui, la manière d’atteindre le bonheur en suivant l’exemple de la nature. Il est inutile de s’inquiéter, toutes les réponses se trouvent autour de nous, il suffit d’observer pour comprendre en utilisant le non-agir. A cette époque des techniques de combats existaient déjà. Elles étaient utilisées par les castes guerrières, mais aucun document ne permet d’affirmer avec certitude ce que la tradition orale nous rapporte.

Cependant, il est probable que certains de ces guerriers, séduits par la philosophie Taoiste, aient rejoint les moines dans leurs monastères. Ce sont là les premiers moines guerriers. Malgré ces événements, aucune codification importante d’art de combattre ne fut créée en chine. Du moins jusqu’à il y a 1500 ans dans le célèbre temple Shaolin.

Mais pour mieux comprendre l’histoire de ce temple, allons voir ce qu’il s’était passé non loin de là, en Inde, avec l’apparition du Kalaripayat.

Selon la légende, le Kerala, région située sur la côte sud-ouest de l’Inde et protégée par une chaîne de hautes montagnes, était enfouie sous l’océan. Elle fut sortie des eaux par une représentation humaine de Vishnu (divinité suprême assurant l’ordre moral et cosmique) appelée Parasurama, venue sur terre pour expier l’extermination de vingt et une générations de guerriers Kashastriyas ou selon d’autres dires, la décapitation de sa mère Renuka. Ce sage guerrier, pour protéger cette nouvelle terre d’une grande richesse, forma au Kalaripaya vingt-et-un disciples : les Gurukkal. Le meilleur de ses élèves nommé Drona hérita des armes de Parasurama et eu pour devoir d’inculquer cet art martial aux Keralais. Augasthiar Maharshi, un autre sage guerrier moins connu, descendit des montagnes du nord pour aller affronter dans le sud, Varuna, Dieu des mers. Il enseigna le Kalaripayat à dix-huit disciples, eux-mêmes chargés de transmettre oralement cet art martial. Des traces de ces légendes existent encore sur des manuscrits en feuilles de palme que des familles pratiquantes conservent précieusement.

Bien qu’aucun document ne permette de dater précisément la naissance de cet art martial, on suppose que son apparition a eu lieu il y a environ 3000 ans. Profondément lié aux coutumes et religions de l’Inde, le Kalaripayat n’est pas uniquement un art de combat. C’est une philosophie de vie dont le but est d’atteindre la pureté du corps et de l’esprit ; lorsqu’elle est atteinte conduit à “l’illumination”, sorte de sensation de plénitude et d’extase psychique et physique. Les bases du Kalaripayat sont fondées sur le Bouddhisme. Le corps et l’esprit ne font qu’un ; si le corps va mal, l’esprit va mal et inversement. Il faut prendre conscience de son corps et abandonner l’ego et le désir, sources de douleurs. Il combine ainsi, l’art du combat, la médecine, la philosophie et la religion.

Le coté martial utilise donc toutes les techniques connues dans les arts martiaux actuels. Que ce soit des techniques de coups de poing, de pied, des formes de mains, des saisies, des projections ou l’utilisation de nombreuses armes (bâton, épée, arc, canne, couteau, et autres armes de jet) dont certaines sont spécifiques au Kalaripayat. Il est la source d’inspiration de toutes les formes de combats asiatiques. Sa forme est très acrobatique, utilisant des coups de pieds sautés très spectaculaires, des esquives et des techniques de projections faisant appel à toutes les prouesses que peut utiliser un corps bien préparé. Les Asata Vadivu sont huit techniques de combat, calquées sur celles d’animaux dont les Maippayats correspondent aux Tao de Kung Fu, qui sont la base de l’entraînement du Kalaripayat. Sa maîtrise conduit à la connaissance des points vitaux et la maîtrise de l’art du combat. Parmi ces animaux, on retrouve le serpent, le cheval, le paon, le coq et le tigre.

L’enseignant du village (Gurukkal) formait dans le Kalari (lieu d’entraînement), les jeunes garçons et les jeunes filles à cet art. Ils seront nommés plus tard “Guerriers Naïrs” (serpent naja), destinés à faire la guerre et à imposer la paix et l’ordre moral. Ils constituent le code de vie et d’honneur de la noble caste militaire du Kérala. Ils sont à la fois guerriers, médecins et sages, reflets humains de leurs divinités.

JPEG - 6.7 ko Dans le royaume du Tamilnâdu, au sud de l’Inde, naquit Ta Mo, troisième fils du souverain Sughanda. Il y apprit le Kalaripayat très jeune. Adulte, il décida de renoncer aux privilèges et partit en moine errant pour travailler sur son “moi” pour trouver l’illumination. Après la mort de son maître Prajnarata, il partit en chine, comme bien d’autres avant lui, répandre le Bouddhisme.

Il rencontra l’empereur Wu In Chin Lung, mais leur désaccord à propos du Bouddhisme le fit expulser. Il partit alors vers le nord et s’arrêta en 527 au temple Shaolin (signifiant Petite forêt) situé dans la province du Hénan. Il fût construit en 495 par Batuo, un autre moine indien, aidé par l’empereur Xiaowen de la Dynastie des Wei du nord, favorable à la propagation du Bouddhisme. Il s’accroche aux flans du Mont Song, l’une des cinq montagnes sacrées en chine.

Lorsque Ta Mo (plus connu aujourd’hui sous le nom de Bodhidharma) arriva à Shaolin, le Bouddhisme rencontra le Taoïsme.

Mais le premier contact ne fut pas des meilleurs car Ta Mo se retira immédiatement pour aller méditer neuf ans au fond d’une grotte, non loin du temple. D’après la légende, durant cette longue période, Ta Mo eut des moments de relâchements et un jour il s’endormit. Se réveillant en sursaut, fou de rage, il se coupa les paupières pour ne plus recommencer. Quand elles touchèrent le sol, elles se transformèrent en arbre à thé. Au terme de ces neuf années, il réussit à atteindre une concentration si forte, qu’il parvenait à ressentir le monde autour de lui. Il comprenait et faisait communion avec l’univers. Le courant Bouddhique “Chan” allait naître (appelé également "Zen" au Japon).

Il retourna ensuite au temple ou il découvrit des moines affaiblis par des méditations trop longues. Il décida alors de leur donner des exercices physiques pour renforcer leurs corps amaigris. Ils apprirent alors une série de douze mouvements proches du Yoga, à exécuter chaque jour. Ta Mo pensant qu’une méditation avec les gestes et une respiration adaptée est cent fois plus bénéfique qu’une méditation statique. Une fois que les bases du Kalaripayat furent enseignées, les techniques de plus en plus martiales donnèrent naissance à la boxe de shaolin. Mais les conséquences n’allaient pas être démonstratives immédiatement. Ta Mo, quant à lui retourna en Inde et mourut en 550.

Le premier fait de combat eu lieu après 581 lors d’une attaque du Monastère par des brigands. Un moine qui avait trouvé asile au temple, se distingua tant son agilité et sa maîtrise étaient grandes, faisant tournoyer un bâton avec dextérité et repoussant les assaillants déconcertés par une telle vigueur. Les moines demandèrent alors à ce personnage connu sous le nom de Jinna Luo, de partager sa connaissance du combat. Par la suite l’empereur Taizong, premier de la dynastie des Tang, put monter sur un trône en 618, grâce à l’appui des moines guerriers contre son rival. Treize moines furent par la suite anoblis et des terres données en signe de remerciement. Un décrets impérial autorisa cinq cents moines-soldats à pratiquer le Kung Fu. Le temple Shaolin prit de l’ampleur et les moines ont transmis leurs connaissances aux paysans pour se protéger des voleurs qui sévissaient toujours. Des maîtres ayant quitté Shaolin développèrent leurs propres styles en approfondissant leur savoir et en le complétant. Dès lors, le Kung Fu s’enrichit de nombreux styles et de nombreuses armes, nous apportant aujourd’hui la richesse qu’on lui connaît.

Malgré les attaques des Mings en 1722 et les guerres du début du siècle, on peut encore aujourd’hui apprécier cet art martial qui s’est enrichit au fil des siècles. Pratiquer aujourd’hui le Kung Fu ne consiste pas seulement à entretenir son corps ou apprendre à se défendre, mais à sa manière participe à l’étonnante histoire du Kung Fu. Alors que nous évoluons dans une société superficielle, c’est à nous de préserver l’esprit du Kung Fu.


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